Romilde : l’infâme putain
Romilde, si ce prénom ne vous dit rien, son histoire qui met en lumière les tragédies qui se jouaient dans le profond moyen-âge. Elle était duchesse de Lombardie par son mariage avec le duc Gisulf II.
En 610, bravant les craintes, le duc leva une armée pour aller à la rencontre des guerriers avares qui dévalaient sur l’Europe de l’ouest. Guerriers sanguinaires qui étaient craint de tous, la conclusion de ce courage se termina dans la mort du duc et d’une grande partie de ses hommes. Elle se réfugia à forum julii ou Cividale, une place forte du duché, où les guerriers lombards, survivants de l’assaut, finirent par la rejoindre.
Les Avars, après avoir pillé la Lombardie, se retrouvèrent devant les portes de la citadelle et établirent un blocus. Le khagan Bayan II, jeune et beau guerrier, en habit de chef de guerre, faisaient le tour pour y trouver les failles qui lui permettraient d’entrer dans la cité. La reine Romilde eut alors une « brillante » idée, et contre l’avis des conseillers, elle fit parvenir la missive au Khagan : »en échange d’un mariage avec lui, elle acceptait de livrer la cité ».
Bayan II accepta. Il la prendra en mariage, et épargnera la ville.
La cité fut livrée.
Et s’en suivit un véritable carnage, les guerriers Avars s’engouffrant dans les rues pour piller, tuer, et réduire en esclavage les survivants. Puis dans cette condition indigne, ils furent tous ramener en Pannonie, capitale glorieuse des Avars, pour y subir leur sort.
Dans un acte de grâce, et tenant sa parole, le khagan accepta de passer la nuit avec Romilde, qui selon les dire ne se fit pas prier. Une nuit d’amour qui se transforma en cauchemar, une fois Bayan II rassasié. Il la livra à douze de ses hommes qui n’attendirent pas pour s’exécuter. Le viol ne suffisait pas, Bayan II fit dresser un poteau au milieu du campement royal et ordonna de l’y empaler, ajoutant ces mots d’opprobre, qui restèrent dans l’histoire :
Voilà le mari que tu mérites !
Et ainsi, Paul Diacre dans son Histoire des Lombards, donna le sobriquet de « meretrix nefaria » à Romilde, soit : l’infâme putain.
Mais tout ne fut pas perdu.
Elle avait huit enfants. Ses quatre garçons réussirent à s’échapper, et à devenir duc à leur tour. Ses quatre filles, bien que captives, ne furent pas violer, et même finalement épousèrent des nobles étrangers de grande fortune intéressé par leur ascendance.